Présidentielle : et la santé environnementale ?

Présidentielle : et la santé environnementale ?

31 mars 2022

La santé est, avec le pouvoir d'achat, la principale préoccupation des Français. Mais cette fois encore, elle reste la grande oubliée des débats de la présidentielle. Hôpitaux publics en manque de moyens, pénurie de médecins, Sécurité sociale sous financée… Les inquiétudes sont pourtant nombreuses.

La Mutuelle Familiale a réuni cinq experts pour leur demander quels sont les chantiers prioritaires à mettre en œuvre. De son côté, Gilles Pérole, adjoint au maire de Mouans-Sartoux pour l'enfance, l'éducation et l'alimentation, nous explique comment sa petite commune des Alpes-Maritimes a fait de la santé environnementale une priorité locale.

« Notre petite commune des Alpes-Maritimes a pris conscience des enjeux écologiques il y a plus de vingt ans »

Mouans-Sartoux s'est emparée des questions environnementales dès la fin des années 1990
A l'époque, le maire de notre commune d'à peine 10 000 habitants avait déjà conscience des enjeux écologiques. Andre Aschieri est d'ailleurs à l'origine de la création de l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset). Dans le cadre du développement de cet établissement de contrôle, il avait acquis une véritable conscience des dangers existants. Le maire a alors décidé d'orienter sa politique municipale autour d'une approche globale de prévention de la santé. L'application d'un principe de précaution a notamment été pris sur bon nombre de risques environnementaux, comme les perturbateurs endocriniens. Les matériaux et les produits utilisés dans les bâtiments publics ont alors fait l'objet d'une attention particulière.

Veiller à la qualité de l'air
Par ailleurs, la qualité de l'air dans les établissements scolaires a été scrupuleusement étudiée. Le réseau filaire a en outre été préféré au Wifi afin de limiter la nocivité des ondes. La municipalité a également encouragé les modes de déplacements actifs, avec des ramassages scolaires à pied ou en vélo. Des pistes cyclables et des chemins piétonniers ont aussi été aménagés dans toute la ville.

La seule commune de France avec des cantines 100 % bio
Depuis dix ans, toutes les cantines scolaires de Mouans-Sartoux sont 100 % bio. Nous sommes la seule commune de France à proposer uniquement des aliments issus de l'agriculture biologique. La première étape de cette conversion remonte à la crise de la vache folle dans les années 1990. Nous avions alors l'interdiction de servir du bœuf aux enfants, a moins qu'il soit bio. Cela a été mis en place rapidement. Nous sommes ensuite passés progressivement à une alimentation entièrement biologique, sans pour autant augmenter le budget alloué. En 2018, un repas ne contenant que 25 % de produits bio valait en effet 1,92 euros, pour passer à un repas entièrement bio a 1,86 euros en 2012.

Lutter contre le gaspillage alimentaire
La nourriture biologique coûte effectivement un peu plus cher. Pour ne pas augmenter les dépenses, nous avons ciblé le gaspillage alimentaire. Sa réduction de 80 % a généré une importante économie d'achat. La manière dont nous servons les enfants a totalement été revue pour éviter le gâchis. Ils ont en effet la possibilité de choisir deux tailles de portions : une normale et une plus petite. Ils évaluent ainsi bien mieux ce qu'ils vont manger et laissent beaucoup moins de nourriture dans leur assiette. Bien sûr, ils peuvent se resservir à l'envie. Et les fruits sont servis par quartiers, ce qui évite de les jeter alors qu'ils n'ont été croqués qu'une ou deux fois. Un grand travail de sensibilisation a par ailleurs été mené auprès des enfants, au sujet de l'alimentation et de l'agriculture biologique.

Ateliers de jardinage et de cuisine
Des ateliers de jardinage et de cuisine leur sont aussi proposés. Ils se rendent régulièrement à la grande ferme municipale où sont produits 96 % des fruits et des légumes qu'ils mangent à la cantine.
L'idée est de leur apprendre des pratiques quotidiennes sur la sélection des aliments et leur préparation. Les enfants ont ensuite sensibilisé leurs proches en leur montrant qu'une alimentation bio ne coutait pas forcément plus cher. Nous savons que 87 % des familles de Mouans-Sartoux ont depuis modifié leur alimentation. Et lorsqu'ils sont arrivés au collège, les enfants ont eux-mêmes convaincu leur nouveau principal de passer au bio !

• Retrouvez l'interview de cette série avec Patrick Pelloux ici

• Retrouvez l'interview de cette série avec Laurent Moulin ici

• Retrouvez l'interview de cette série avec Pierre Micheletti ici

 A venir, l'interview de Etienne Caniard