Santé environnement : passer à l’action

Santé environnement

Comment aider les futurs et jeunes parents à modifier leurs habitudes pour limiter l’exposition de leurs enfants aux polluants intérieurs ?

Anaïs Lesiourd, formatrice en accompagnement du changement, présente un projet de recherche action, visant à aller au-delà de la sensibilisation.

Comment est né le projet ?

L’appel à projets de la Fondation Santé Environnement de La Mutuelle Familiale sur les 1000 premiers jours et l’environnement intérieur en 2023 m’a paru novateur pour faire avancer les méthodes de mobilisation en promotion de la santé. Je me suis associée avec un cabinet de recherche-action psychosociales pour y répondre*. Nous avons proposé de développer puis d’évaluer un dispositif de prévention sur la santé environnement à destination de futurs et jeunes parents non sensibilisés.

Qu’est-ce que les 1000 premiers jours ?

C’est une appellation pour parler de la période allant de la conception d’un enfant à ses 1000 premiers jours de vie. C’est un moment charnière pour la santé future de l’enfant, celui où le corps se construit. Des études montrent que certaines maladies, comme le diabète, les troubles du comportement ou encore les allergies, trouvent leur origine à ce moment de la vie. C’est un stade où la prévention a toute son importance !

Quel était l’objectif du projet ?

L’objectif était d’amener les parents ou futurs parents à se sentir concernés par la problématique des polluants intérieurs sans créer un sentiment de peur trop fort, pour qu’ils adoptent les bons gestes. Il fallait pour cela les amener à repérer que certains objets ou certaines pratiques du quotidien émettent des polluants invisibles (comme les objets en plastique abimés ou chauffés, ou les colles et solvants des meubles et peintures) et à se sentir capables d’agir, en leur proposant des alternatives. On peut par exemple adopter le biberon en verre avec une coque de protection ou préparer la chambre d’un bébé au moins trois mois avant sa naissance, en laissant une autre personne que la femme enceinte réaliser les travaux.

Quelle a été votre méthodologie pour élaborer le dispositif ?

Nous avons réuni des acteurs de terrain (sage-femmes, chargés de promotion de la santé, acteurs de la petite enfance, associations, Agence régionale de santé…) et des parents pour comprendre les enjeux et les freins, comme le fait que le sujet puisse paraître trop anxiogène, éloigné dans le temps et qu’il vienne accroître la charge mentale à une période - l’arrivée d’un enfant -où elle est déjà très élevée. Après analyse et identification des leviers comportementaux, nous avons imaginé plusieurs dispositifs possibles. Nous avions une quarantaine d’idées ! Nous les avons triés en fonction de leur impact potentiel et de leur faisabilité et en avons retenu un. Pour le concevoir, une agence de design nous a aidés et maintenant, nous sommes en train de le tester.

A quoi ressemble le dispositif ?

C’est un dépliant trois volets. L’esthétique comme le texte répond aux conclusions de nos analyses : il y a des illustrations et des couleurs apaisantes, les explications sont rédigées dans un langage simple et non scientifique, des solutions concrètes sont proposées. La couverture comporte une fenêtre laissant entrevoir une scène de vie de famille. Lorsqu’on ouvre, on découvre, autour de cette scène, les polluants invisibles comme les colles et les solvants présents dans les meubles et les peintures, les pesticides et les additifs dans les aliments ou encore les parfums des produits ménagers. Une frise du développement, de l’enfance à l’âge adulte montre que le capital santé se construit tout au long de la vie. C’est toujours le bon moment pour agir ! Une fiche donne des recommandations, avec des gestes simples qui peuvent être adoptés. Elle est détachable afin de pouvoir être mise en pense-bête sur le réfrigérateur ou de circuler dans l’entourage de l’enfant, notamment chez les grands-parents, susceptibles de le garder. Enfin, des témoignages de parents montrent qu’il est possible de changer ses habitudes.

Quelle est la suite du projet ?

Nous avons fait appel à un paneliste, qui a testé le dispositif auprès d’une centaine de personnes correspondant au profil que nous souhaitons toucher. Nous sommes en train de compiler les résultats, qui nous ont déjà permis de constater que la période la plus propice pour déployer le dispositif était celle de la grossesse. Ensuite, nous espérons le diffuser largement. Pour cela, nous avons déjà identifié plusieurs organismes nationaux qui sont intéressés.

Que vous a apporté la Fondation Santé Environnement de La Mutuelle Familiale ?

En lançant son appel à projet, elle a permis au dispositif d’exister. Et, outre le financement, elle nous a apporté son soutien tout au long du processus, lorsque nous avons rencontré des obstacles.

*NFEtudes, dirigé par Nicolas Fieulaine (www.nfetudes.com)

En savoir plus :

Les 1000 premiers jours : https://sante.gouv.fr/prevention-en-sante/sante-des-populations/1000jours/

Néoécolo, le site d’Anaïs Lesiourd : https://neoecolo.fr/

Quelques gestes simples à adopter pour préserver sa santé :

Ouvrir les fenêtres au réveil, avant le coucher, pendant les travaux et le ménage.

Acheter le plus souvent possible des fruits et légumes issus de l’agriculture biologique, et sinon les éplucher.

Utiliser des produits ménagers naturels (vinaigre blanc, bicarbonate, savon noir).

Laver les textiles et jouets neufs avant leur première utilisation.